Mayara Yamada
*Elle est née près d’un fleuve. Immense. Sans fond, sans fin. Elle a grandi avec cette dimension de l’inconnu. Un fleuve habité de nombreuses histoires, de mystères et de botos. Des dauphins rosés, qui effraient et fascinent. Souvent, elle en rêve.
Son corps, elle l’a mouillé plusieurs fois dans le fleuve. De manière insouciante et ritualisée.
Dans les arbres, on entend les perroquets coasser. C’est l’heure de la danse. Son corps prend l’espace, éclate au son des basses. Marara s’éveille. Elle fête le kitsch, la musique, la féminité, l’extravagance. Toujours mouvante, Mayara et elle s’entrecroisent, se rencontrent, s’échangent de manière évanescente. Ensemble elles transportent les images, les sons, les entités, du fond du fleuve en haut des montagnes.*
Mayara Yamada est une artiste, performeuse et DJ originaire de l’Amazonie brésilienne. Elle a récemment obtenu un Master en Arts Visuels à l’ECAL (Lausanne), après une première formation de comédienne à Casa de Artes das Laranjeiras et des études en Esthétique et Théorie du Théâtre à Unirio (Université fédérale de l’état de Rio de Janeiro). Dans son travail performatif, on retrouve la forme de l’autobiographie comme manière de questionner son rapport au corps (Arma Biológica, 2017 ; ÉGUX!), à la mémoire (Mundiada, 2018), au territoire (Drapeada, 2018-20), à l’érotisme (Amarraçao, 2021) et aux rituels (Caudalosa, 2015-19 ; déguiser d’eau, 2019). On risque aussi d’y rencontrer Marara Kelly: être enchanté ou identité parallèle qui navigue dans l’univers de la fête, du plaisir, en invoquant nos rêves d’enfant. Puisant dans les références graphiques et musicales du nord du Brésil telle que la technobrega, elle mêle les médiums audiovisuels. Les transpositions qui découlent de ses recherches et de son corps en transit sont au cœur de son travail. Elle développe actuellement la série Marara Kelly Art Show, une mythologie personnelle dont elle a présenté les premiers chapitres au festival les Urbaines et dans le cadre de Lemaniana en 2021. Dans la suite de cette série, il se peut qu’on l’entende enfin chanter.