Gaspard Perdrisat
*La maison dans laquelle il grandit est remplie de bruits. Il y a des milliers de portes, des craquements, toutes sortes de couches, de densités, de registres. Il y a même des ordinateurs antiques, des softwares qui provoquent des sons pourris, des nappes planantes. Ça crépite.
Il pianote les claviers, bidouille les touches. Reste hypnotisé par cette machine et ce qu’elle dit. Il apprend les grésillements, les raccourcis, les ondes électromagnétiques. Il n’apprend pas les notes, ni les partitions. Il reproduit ce qu’il entend dehors sans y arriver. Ça donne des trucs décalés.
La maison s’est agrandie, la tour d’ivoire est devenue partagée, les sons et les langues s’y mélangent. Le style n’a toujours pas d’importance, l’intention si.*
Gaspard Perdrisat est musicien. Il obtient la formation de techniscéniste à La Manufacture à Lausanne avec un apprentissage au théâtre Am Stram Gram. Depuis petit, il compose avec des ordinateurs et explore les bruits bizarres. Puis il enchaîne des concerts, mixe les styles musicaux, monte le label Strecke records à Fribourg, organise des soirées et des festivals, produit de la musique en studio pour divers rappeurs. Aujourd’hui, on l’entend aux côtés du rappeur Attila et de la musicienne Noria Lilt avec le projet Ivoria. Gaspard dévoile sa musique sous son nom d’ordinateur: Ivory A lvy. Ce qui l’anime, c’est rencontrer toutes sortes de gens, composer ensemble et ajouter sa touche mélancolique. Sa casquette de techniscéniste lui permet de se rapprocher d’autres métiers et comprendre chaque étape de création, comme Ça dada d’Alice Laloy. Il aimerait d’ailleurs démultiplier ses compositions musicales dans des projets de danse, de théâtre, de film. On l’a entendu parler d’une envie de fusion entre i et faïence, ainsi que du souhait d’un live familial avec son père, le premier à l’avoir l’introduit à l’immensité du monde musical.