Julien Blasutto
Les gens appellent toujours Julien par son nom de famille, et Blasutto préfère ça. Il aime l’originalité du nom, à défaut d’un Julien trop générique. Blasutto est solidement ancré dans le sol. Il me semble pourtant qu’il vacille, parfois. C’est que Blasutto cherche à comprendre, nos modes de vies, l’absence de vie, la perte d’envie. Lui, il a encore de l’appétit, il va tout bouffer. Il voudrait travailler la parole brute, le banal, dénoncer le racisme structurel qui suinte partout autour de nous. Blasutto a commencé à creuser du côté de ses racines, il y trouve des trésors et des silences aussi. Blasutto s’en va en quête d’identités. Pendant qu’il raconte, Blasutto joue avec sa boucle d’oreille, drapé dans une nonchalance chaleureuse et contrastée. Blasutto aime se parer, choisir son costume de fête, de belles sapes pour célébrer la nuit qui débute, pleine de promesses. « Je ne suis pas du tout team journée », il dit, et ça me fait sourire.
Julien Blasutto est comédien, diplômé de l’école supérieure de théâtre des Teintureries à Lausanne, où il a notamment l’occasion de collaborer avec le GDRA et Jean-Baptiste Roybon. Dans le cadre de Le théâtre c’est (dans ta) classe, il joue dans Dylan et le Fantôme, solo mis en scène par Tamara Fischer, qui sera repris à l’Usine à Gaz puis en tournée pour la saison 23-24.
Suisse-marocain, marocain-suisse, il s’interroge sur son rapport complexe à une identité multiple traversée par des tensions entre la Suisse où il a grandi et un héritage marocain difficile d’accès. Ses recherches tournent autour de la récolte de récits bruts, notamment de personnes minorisées, et du travail de transformation vers des partitions scéniques, ainsi que de la translation d’un réel banal en un irréel extraordinaire.